Par Dre Dominique Meyer
De tout temps, la beauté a toujours présenté une fascination pour l’être humain. L’esprit ayant souvent associé le beau et le bon, les belles personnes jouissent d’un préjugé favorable dans notre société. Évidemment, la beauté est éphémère dans la vie d’un individu. Aujourd’hui, pour pallier cette perte douloureuse et brutale inhérente au vieillissement, la chirurgie esthétique est considérée comme une solution.
Autrefois taboue et réservée à une élite, cette chirurgie s’est considérablement démocratisée depuis une vingtaine d’années. Les cliniques de chirurgie esthétique ont largement profité de cet engouement exponentiel pour toutes les procédures de rajeunissement offertes. Pour plusieurs, une chirurgie esthétique ou une simple injection antirides est devenue une routine d’entretien de leur « véhicule » corporel, au même titre que le dentiste ou l’ostéopathe. On ne se cache plus pour consommer en esthétique, on s’encourage même entre copains et on consulte, la plupart du temps sur référence d’un ami.
La blépharophastie pour l’estime de soi
Très souvent, lors de la consultation initiale, les patients me demandent si je pense qu’ils ont besoin d’une chirurgie des paupières. Je leur explique alors qu’en esthétique il n’y a aucun impératif qui nous incite à opérer et que leur vie n’est pas en danger. La seule raison d’opérer réside dans leur inconfort psychologique ressenti lorsqu’ils se regardent dans le miroir et que celui-ci renvoie une image qui les déçoit ou les chagrine. En esthétique, on ne soigne pas le corps, on soigne l’esprit et l’âme. J’insiste beaucoup sur cette notion puisque c’est finalement le patient qui fixera l’indication chirurgicale et non le chirurgien comme pour d’autres interventions.
Lorsque j’ai commencé ma pratique d’ophtalmologie il y a une vingtaine d’années, j’ai tout de suite offert un service en oculoplastie (blépharoplastie, ptoses, dacryocystorhinostomie, etc.) car ce domaine m’intéressait particulièrement. Mes collègues m’ont regardée alors avec scepticisme se demandant comment j’incorporerais ce volet dans ma pratique déjà surchargée de glaucomes et de cataractes. J’envisageais de consacrer environ 10 % du temps de ma pratique à ce volet et ce fut le cas pendant les cinq premières années. Je ne sais trop si c’est la progression de la réputation ou l’évolution de notre société, mais toujours est-il qu’à un certain moment, j’ai dû faire des choix devant l’explosion de la demande pour ce service. Aujourd’hui, la chirurgie esthétique des paupières occupe 50 % de ma pratique et je pourrais y consacrer toute ma pratique si ce n’était de ma passion encore vive pour la chirurgie intraoculaire.
Les formidables avantages du laser
En 1996, j’ai fait l’acquisition de mon premier laser CO2 pour la chirurgie des paupières. Exit le bistouri conventionnel, vive la précision du laser! Encore aujourd’hui, peu de chirurgiens utilisent cette merveille de technologie en raison de son coût d’acquisition important ne se justifiant que si l’on effectue ce genre de chirurgie à haut volume. En effet, un plasticien n’opérant que quelques cas de paupières par mois à travers toutes les autres chirurgies n’en ressentira pas la même nécessité.
Le laser CO2 offre tout d’abord une sécurité accrue pour le patient et pour le chirurgien. Les saignements sont diminués d’au moins 80 %, ce qui réduit parallèlement les complications possibles de perte de vision (à la suite d’une compression du nerf optique consécutive à une hémorragie rétro-orbitaire) ou d’hématome postopératoire avec ecchymoses pouvant gêner socialement le patient pendant plus d’un mois. Avec le saignement mieux contrôlé, le chirurgien traumatise faiblement les tissus puisqu’il n’a pas besoin de cautériser ceux-ci pendant l’intervention. La conséquence première est qu’il y a moins d’œdème postopératoire en général.
Un autre avantage est la durée de l’intervention qui se trouve fortement raccourcie puisque le saignement n’est plus une entrave au progrès de la chirurgie. Conséquemment, moins de temps durera l’intervention, moins les risques d’infection seront importants. Également, la visualisation des tissus et différents plans demeure excellente pendant la durée de l’intervention, ce qui facilite grandement le travail du chirurgien.
Un acte sans hospitalisation
Cette opération est pratiquée en chirurgie ambulatoire. Le patient arrive au bloc opératoire une heure avant l’intervention, on le prépare, on prend les photos et on pratique les dessins sur ses paupières. L’intervention se passe sous anesthésie locale avec sédation intraveineuse. À la fin de l’intervention, le patient est transféré dans une salle d’observation pour environ deux heures. Ensuite, on lui donne son congé et il peut quitter avec son accompagnateur. Le patient sera revu le lendemain et suivra ensuite une convalescence pouvant aller d’une à deux semaines. En tout temps, il peut nous rejoindre si une inquiétude surgit. Les points sont enlevés après une dizaine de jours, les activités de vie normale et le maquillage peuvent être repris à ce moment-là.
La chirurgie des paupières offre une gratification importante pour le patient et tout autant pour le chirurgien tant l’impact psychologique est positif. Le laser CO2 est sans contredit l’instrument de choix pour obtenir des résultats précis et constants, tout en diminuant au maximum les risques de complication inhérents à ce type de chirurgie.