Un nouveau-né en ophtalmologie!

Par Dre Dominique Meyer

chirurgie_oculaireDepuis le début de ma pratique, je ne cesse d’entendre la clientèle me demander si on opère les cataractes au laser. Pendant toutes ces années nous devions expliquer en clinique qu’une cataracte ne s’opérait pas au laser, qu’il fallait utiliser une sonde à ultrasons et justifier sans cesse la supériorité de cette technologie…

Depuis l’automne 2012, ce rêve est enfin devenu réalité! En 2012, la compagnie Alcon a mis sur le marché un laser femtoseconde, le LenSx®, entièrement dédié à la chirurgie de la cataracte.

Cette révolution technologique transformera sous peu l’univers de ce micro monde chirurgical. En effet, grâce à ce laser, l’intervention de la main humaine prend moins de place lors d’une procédure, la précision est inégalable et les risques de complications deviennent encore plus minimes.

Le LenSx permet de procéder à l’incision principale et à l’incision secondaire sans bistouri. Il fabrique une capsulotomie parfaite du diamètre désiré à tout coup, fragmente le noyau en quatre ou six morceaux et brise le cœur du cristallin en ramollissant les noyaux durs. De plus, le laser femtoseconde permet de faire des incisions cornéennes relaxantes pour la correction de l’astigmatisme, ce qui est impossible à reproduire avec autant de précision à l’aide d’une lame diamant. Selon les cas, cette procédure dure entre 40 et 60 secondes.

Cette opération est tout à fait sans douleur et la collaboration des patients est plutôt facile à obtenir. Après cette première étape du processus chirurgical, le patient est entré dans la salle d’opération proprement dite. Le chirurgien en est déjà à l’étape d’aspirer les fragments de noyau et le cortex avec le phacoémulsificateur. La lentille intraoculaire est ensuite injectée dans l’œil opéré et l’intervention est complétée.

En clinique privée, les patients ont rapidement adopté cette technologie, avec plus de 80 % de conversion au femtoseconde dans ma première année de chirurgie de la cataracte au laser. Les patients adorent l’idée qu’aucune lame ne fera d’incisions sur leur œil; le laser rassure et apaise les plus craintifs.

Le femtoseconde permet également plus de précision quant au résultat réfractif post-opératoire. En effet, la capsulotomie étant toujours bien ronde et d’un diamètre fixe, de 5,3 mm dans mon cas, la position effective de l’implant dans l’œil est toujours la même, ce qui améliore grandement la prévisibilité du résultat réfractif. Manuellement, le diamètre et la forme de la capsulotomie obtenue par capsulorhexis varient beaucoup trop d’un cas à l’autre, pour assurer cette constance de la position de l’implant dans l’œil. En effet, un implant va se positionner trop postérieurement si la capsulotomie est petite, puisque le rebord de la capsule antérieure du cristallin va repousser celui-ci plus en arrière et créer ainsi une hypermétropie résiduelle. Inversement, une capsulotomie trop grande fera bomber l’implant vers l’avant et ainsi entraînera une myopie. On sait qu’un déplacement de l’implant de 1 mm engendrera une erreur de trois dioptries. Un déplacement minime de 300 um créera donc carrément une erreur de résultat d’une dioptrie. On comprend aisément qu’avec le degré d’exigence de nos patients en 2014, il est impératif d’obtenir le meilleur résultat réfractif pour éviter de gérer des insatisfactions post-opératoires.

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Le laser femtoseconde entraîne également une sécurité accrue pour le chirurgien et pour le patient lorsqu’il s’agit de cataractes très denses ou hypermatures. En effet, les cataractes très denses sont souvent plus à risque d’engendrer une rupture de la capsule postérieure, en raison de manœuvres nécessairement plus importantes lors de la chirurgie. Le LenSx procède à la fragmentation du noyau et à son ramollissement sans aucune tension sur la capsule. Le travail devient alors beaucoup plus facile pour le chirurgien et diminue considérablement les risques de morbidité peropératoire.

Le laser femtoseconde présente donc une foule d’avantages pour la clientèle et s’implantera progressivement au pays. Le mouvement est déjà bien enclenché au Canada avec une dizaine de lasers déjà installés et fonctionnels.

Seule ombre au tableau, les coûts faramineux reliés à cette avancée technologique. Vous connaissez tous le cul-de-sac dans lequel le Québec se trouve actuellement quant à ses dépenses dans le domaine de la santé. Comment le gouvernement pourra-t-il donner accès à ce progrès sans grever davantage son budget ? Je n’ai malheureusement pas la compétence pour répondre à cette question… jusqu’où sommes-nous prêts à payer pour l’excellence ? Je vous laisse réfléchir à ce débat philosophique.

Embellir le regard avec le laser CO2

Par Dre Dominique Meyer

De tout temps, la beauté a toujours présenté une fascination pour l’être humain. L’esprit ayant souvent associé le beau et le bon, les belles personnes jouissent d’un préjugé favorable dans notre société. Évidemment, la beauté est éphémère dans la vie d’un individu. Aujourd’hui, pour pallier cette perte douloureuse et brutale inhérente au vieillissement, la chirurgie esthétique est considérée comme une solution.  

Autrefois taboue et réservée à une élite, cette chirurgie s’est considérablement démocratisée depuis une vingtaine d’années. Les cliniques de chirurgie esthétique ont largement profité de cet engouement exponentiel pour toutes les procédures de rajeunissement offertes. Pour plusieurs, une chirurgie esthétique ou une simple injection antirides est devenue une routine d’entretien de leur « véhicule » corporel, au même titre que le dentiste ou l’ostéopathe. On ne se cache plus pour consommer en esthétique, on s’encourage même entre copains et on consulte, la plupart du temps sur référence d’un ami.

La blépharophastie pour l’estime de soi 

Très souvent, lors de la consultation initiale, les patients me demandent si je pense qu’ils ont besoin d’une chirurgie des paupières. Je leur explique alors qu’en esthétique il n’y a aucun impératif qui nous incite à opérer et que leur vie n’est pas en danger. La seule raison d’opérer réside dans leur inconfort psychologique ressenti lorsqu’ils se regardent dans le miroir et que celui-ci renvoie une image qui les déçoit ou les chagrine. En esthétique, on ne soigne pas le corps, on soigne l’esprit et l’âme. J’insiste beaucoup sur cette notion puisque c’est finalement le patient qui fixera l’indication chirurgicale et non le chirurgien comme pour d’autres interventions.

Lorsque j’ai commencé ma pratique d’ophtalmologie il y a une vingtaine d’années, j’ai tout de suite offert un service en oculoplastie (blépharoplastie, ptoses, dacryocystorhinostomie, etc.) car ce domaine m’intéressait particulièrement. Mes collègues m’ont regardée alors avec scepticisme se demandant comment j’incorporerais ce volet dans ma pratique déjà surchargée de glaucomes et de cataractes. J’envisageais de consacrer environ 10 % du temps de ma pratique à ce volet et ce fut le cas pendant les cinq premières années. Je ne sais trop si c’est la progression de la réputation ou l’évolution de notre société, mais toujours est-il qu’à un certain moment, j’ai dû faire des choix devant l’explosion de la demande pour ce service. Aujourd’hui, la chirurgie esthétique des paupières occupe 50 % de ma pratique et je pourrais y consacrer toute ma pratique si ce n’était de ma passion encore vive pour la chirurgie intraoculaire.

Les formidables avantages du laser  

En 1996, j’ai fait l’acquisition de mon premier laser CO2 pour la chirurgie des paupières. Exit le bistouri conventionnel, vive la précision du laser! Encore aujourd’hui, peu de chirurgiens utilisent cette merveille de technologie en raison de son coût d’acquisition important ne se justifiant que si l’on effectue ce genre de chirurgie à haut volume. En effet, un plasticien n’opérant que quelques cas de paupières par mois à travers toutes les autres chirurgies n’en ressentira pas la même nécessité.

Le laser CO2 offre tout d’abord une sécurité accrue pour le patient et pour le chirurgien. Les saignements sont diminués d’au moins 80 %, ce qui réduit parallèlement les complications possibles de perte de vision (à la suite d’une compression du nerf optique consécutive à une hémorragie rétro-orbitaire) ou d’hématome postopératoire avec ecchymoses pouvant gêner socialement le patient pendant plus d’un mois. Avec le saignement mieux contrôlé, le chirurgien traumatise faiblement les tissus puisqu’il n’a pas besoin de cautériser ceux-ci pendant l’intervention. La conséquence première est qu’il y a moins d’œdème postopératoire en général.

Un autre avantage est la durée de l’intervention qui se trouve fortement raccourcie puisque le saignement n’est plus une entrave au progrès de la chirurgie. Conséquemment, moins de temps durera l’intervention, moins les risques d’infection seront importants. Également, la visualisation des tissus et différents plans demeure excellente pendant la durée de l’intervention, ce qui facilite grandement le travail du chirurgien.

Un acte sans hospitalisation 

Cette opération est pratiquée en chirurgie ambulatoire. Le patient arrive au bloc opératoire une heure avant l’intervention, on le prépare, on prend les photos et on pratique les dessins sur ses paupières. L’intervention se passe sous anesthésie locale avec sédation intraveineuse. À la fin de l’intervention, le patient est transféré dans une salle d’observation pour environ deux heures. Ensuite, on lui donne son congé et il peut quitter avec son accompagnateur. Le patient sera revu le lendemain et suivra ensuite une convalescence pouvant aller d’une à deux semaines. En tout temps, il peut nous rejoindre si une inquiétude surgit. Les points sont enlevés après une dizaine de jours, les activités de vie normale et le maquillage peuvent être repris à ce moment-là.

La chirurgie des paupières offre une gratification importante pour le patient et tout autant pour le chirurgien tant l’impact psychologique est positif. Le laser CO2 est sans contredit l’instrument de choix pour obtenir des résultats précis et constants, tout en diminuant au maximum les risques de complication inhérents à ce type de chirurgie.

Restor, une lentille qui restaure la vision des presbytes

Restor, une lentille qui restaure la vision des presbytes
Dre Dominique Meyer1

« Une bonne idée franchit trois étapes. D’abord elle est ridiculisée. Ensuite, elle subit une forte opposition. Puis, elle est considérée comme ayant toujours été une évidence. »

Arthur Schopenhauer

La génération des baby-boomers ne supporte souvent pas très bien l’insigne trahison de leur œil vieillissant représentée par l’apparition d’une presbytie qui n’épargne personne…

Certes, en matière de presbytie, les lunettes demeurent la solution la plus pratique, la plus simple, que les designers de mode ont d’ailleurs su récupérer dans un marché florissant. Plusieurs s’en accommodent, mais d’autres vivent une frustration quotidienne liée à ce nouvel handicap. De plus en plus de personnes recherchent une solution pour contourner cet obstacle devenu une source d’irritation et d’exaspération.

Les verres de contact dans leur version multifocale offrent une solution satisfaisante pour une minorité de la clientèle, les traitements au laser excimer de type presby-Lasik ne sont pas encore au point et ne le seront pas avant plusieurs années encore. Pour nos patients qui ne trouveront pas une solution acceptable dans la panoplie de possibilités actuellement disponibles, la chirurgie intraoculaire offre une alternative intéressante avec un taux de satisfaction dépassant les 95 %.

Une chirurgie qui a fait ses preuves

Depuis maintenant huit ans, la compagnie Alcon manufacture une lentille intraoculaire multifocale diffractive, la lentille Restor. Cet implant offre une acuité visuelle parfaite au loin et permet une acuité visuelle de près parfaite à 40 cm en raison de son point de focalité. La vision intermédiaire demeure très acceptable avec une acuité visuelle de 20/40 entre 60 et 80 cm.

Pour corriger chirurgicalement la presbytie, on procède à une intervention de cristallin clair, c’est-à-dire que nous pratiquons l’extraction du cristallin, lequel ne présente habituellement pas de cataracte, que nous remplaçons par une lentille permanente qui offrira au patient l’autonomie tant recherchée. Cette lentille intraoculaire demeurera dans l’œil du patient jusqu’à la fin de ses jours et on obtient généralement une grande stabilité visuelle. En effet, les changements réfractifs au-delà de 45-50 ans sont habituellement liés aux changements cristalliniens. En enlevant le cristallin on évite ce problème pour la plus grande satisfaction du patient.

Les précautions préopératoires

Le choix du candidat idéal doit toutefois faire l’objet d’une analyse judicieuse. Un patient ayant déjà subi une chirurgie par Lasik au préalable n’est pas le candidat idéal. En raison des aberrations cornéennes souvent présentes, combinées à une lentille diffractive, le patient pourrait être incommodé par des halos permanents.

Il faut également évaluer les besoins réels du patient, ses motivations, s’assurer que l’œil ne présente aucune pathologie et que les topographies cornéennes soient normales.

On doit aviser le patient des limites de la technologie : il ne s’agit pas de reconstituer un œil de 20 ans! On propose plutôt ici une qualité de vie qui répondra à plus de 90 % des besoins du client.

On doit prévenir le patient qu’il aura 50 % des chances de percevoir quelques éblouissements et halos le premier mois après la chirurgie, qui s’estomperont graduellement grâce au phénomène de neuro-adaptation. En fait, environ 1% des patients présenteront des halos dérangeants 3-4 mois après la chirurgie.

La lentille Restor permet une très bonne vision de près en condition mésopique; par contre ses performances baissent et peuvent limiter la lecture lors d’un manque de luminosité pour certains patients.

Autre chose à mentionner, la vision intermédiaire étant de 80 %, il sera suggéré pour certaines activités (par exemple, lire une partition de musique pour un pianiste) le port d’une légère addition de +1,00. Si le client potentiel accepte les quelques limitations de la lentille et que les paramètres physiologiques oculaires permettent son implantation, on peut alors procéder à la chirurgie en toute quiétude.

De façon habituelle, nous opérons l’œil non dominant en premier et procédons à la chirurgie du deuxième œil la semaine suivante. Il est inutile d’attendre davantage; le patient n’en serait qu’inconfortable en raison de l’anisométropie et de la multifocalité présente dans un seul œil. Le lendemain de la chirurgie du second œil, le patient est déjà très fonctionnel pour reprendre la plupart de ses activités régulières.

Le calcul de la puissance de la lentille intraoculaire étant fait à partir des données topographiques et biométriques du patient, il peut arriver dans 5 à 10 % des cas qu’une retouche au laser excimer soit requise quelques mois en postopératoire afin d’atteindre une réfraction autour de Plano. Le patient devra également utiliser pendant quelques semaines des gouttes antibiotiques et anti-inflammatoires pour compléter la guérison.

La lentille Restor a maintenant fait ses preuves. Les résultats sont plus que probants et la correction chirurgicale de la presbytie est en voie de devenir une procédure simple et standard qui peut convenir à une clientèle en quête de qualité de vie et de perfection.

On n’arrête pas le progrès… on ne peut qu’y participer.

1. Chercheure clinique, conférencière nationale et internationale, l’ophtalmologiste Dominique Meyer s’est désengagée de la RAMQ il y a 12 ans pour fonder à Québec l’Institut privé de chirurgie, au sein duquel elle consacre son expertise à la chirurgie réfractive par lentille intraoculaire ainsi qu’à la chirurgie esthétique des paupières. www.institutprivedechirurgie.com.

Une lentille intraoculaire qui a du cachet…

Par Dre Dominique Meyer

Patience et longueur de temps valent mieux que force ni que rage… enfin la voilà! Elle est arrivée la star tant attendue, la fameuse lentille intraoculaire AcrySof® CACHETTM, manufacturée par Alcon, le leader mondial en ophtalmologie chirurgicale.

Pour certains forts myopes (entre -6 et -17 dioptries), qui doivent souvent combiner verres de contact et lunettes pour arriver à obtenir une vue convenable (mais sans plus), cette lentille s’avère une solution très intéressante. En effet, elle agit un peu comme si on installait de façon permanente un verre de contact à l’intérieur de l’œil du patient. On contourne ainsi les problèmes de minification d’images inhérents à ce type de correction, on évite les intolérances aux verres de contact et on donne au patient concerné une autonomie sans précédent.

Particularités de la lentille CACHET

La lentille CACHET est une lentille phaque qui s’implante dans la chambre antérieure et dont les haptiques se déposent dans l’angle avec un minimum de contact. La lentille est en acrylique souple, en fait un copolymère d’acrylate-méthacrylate avec absorbeur UV, comme la plupart des implants maintenant utilisés en chirurgie de la cataracte. Elle possède une biocompatibilité parfaite et n’aura pas besoin d’être enlevée tant que la condition du patient ne nécessitera pas de chirurgie de la cataracte. Dans ce type d’intervention, le cristallin est préservé ce qui est grandement souhaitable chez ces forts myopes, en raison du risque accru de décollement de la rétine lorsque le cristallin est retiré. En effet, l’extraction du cristallin entraîne un mouvement antéro-postérieur du vitré créant ainsi des tractions de ce dernier sur la rétine qui peuvent alors provoquer des déchirures de la rétine et un décollement subséquent.

La lentille est conçue pour demeurer assez loin du cristallin afin de ne pas l’endommager, et suffisamment distante de la cornée pour ne pas créer une diminution du décompte endothélial significatif avec les années. On prend soin de mesurer ce décompte endothélial en préopératoire avec un microscope spéculaire.

Les candidats

Cette technologie convient parfaitement aux candidats de 20 à 50 ans ne présentant pas d’opacité cristallinienne. Cet implant convient également aux candidats avec une myopie modérée, mais ayant une cornée trop mince pour envisager une correction au laser excimer par lasik. La pupillométrie en condition mésopique ne doit idéalement pas dépasser 7 mm pour une performance optimale de cet implant sans éblouissements.

Il faut également s’abstenir de proposer cet implant aux patients présentant un astigmatisme de plus d’une dioptrie, à moins que celui-ci soit prêt à envisager une retouche au laser dans les mois suivants la mise en place de sa lentille pour corriger un cylindre résiduel.

Modus operandi

La lentille CACHET ne nécessite aucune préparation préopératoire particulière et s’insère en quelques minutes par une incision de 2,7 mm qui ne requiert aucune suture pour sa fermeture. Des gouttes antibiotiques et anti-inflammatoires sont prescrites de routine en postopératoire.

Le patient est très fonctionnel dès le lendemain de la chirurgie et on pratique habituellement la chirurgie du deuxième œil la semaine suivante. Les activités physiques violentes sont restreintes pour une période de 15 jours et on demande également au patient d’éviter de se frotter les yeux afin de ne pas provoquer d’attouchement entre l’implant et l’endothélium cornéen que nous savons très fragile.

Une efficacité probante

Les complications d’une telle intervention sont peu fréquentes, mais on doit en informer adéquatement les éventuels candidats. Quoique moins rencontrée qu’avec des implants phaques de chambre postérieure telles les lentilles ICLTM (Implantable Collamer® Lens) de Staar Surgical, une cataracte est toujours possible. On rapporte aussi des augmentations de pression intraoculaire nécessitant un traitement dans environ 3 % des cas recensés dans la littérature.

Lorsque l’on demande aux patients opérés s’ils reprendraient la même décision pour cette intervention avec la lentille Cachet, ils sont 96 % à manifester leur satisfaction. Cette chirurgie est d’ailleurs tout aussi gratifiante pour le patient que pour le chirurgien tant les résultats sont spectaculaires.

La réussite d’une telle intervention passe également par une sélection judicieuse des patients. On doit choisir des candidats vraiment motivés qui ne peuvent plus envisager le port permanent de lentilles cornéennes ou de lunettes. Évidemment, un profil psychologique sain du candidat est également préférable pour obtenir sa pleine collaboration tout au long du processus. Cependant, peu de médecins auront accès à cette technologie très pointue. C’est pourquoi, je vous encourage à vous renseigner sur cette avancée chirurgicale majeure. Vos patients vous en seront certainement reconnaissants!

20 ans de chirurgie réfractive, et quoi encore?

Par Dre Dominique Meyer

Voilà maintenant plus de 20 ans que les premiers lasers excimer pour la correction de myopies et hypermétropies ont fait leur apparition au Québec. Au fil des ans, cette procédure de chirurgie réfractive s’est constamment raffinée pour devenir aujourd’hui une chirurgie bien contrôlée avec un taux de complication minime. Les cliniques de laser ont poussé comme des champignons dans le ciel québécois, soulignant par le fait même le succès indéniable de cette avancée technologique, pour le plus grand bonheur du public. Où en sommes-nous 20 ans plus tard dans cette jungle réfractive? Quels en sont les tenants et aboutissants? Nous tenterons ici de faire brièvement le point sur le sujet.

La révolution du laser

Après une période d’utilisation à large échelle de 7-8 ans avec la technique PRK est survenue la période Lasik. Le laser connut alors un essor considérable, toutes les cliniques offrant le service étant débordées par une demande dépassant parfois la capacité de production. En effet, le Lasik, qui consiste à pratiquer une coupe de la cornée avec un kératome avant de modeler la cornée au laser, offrait au patient une chirurgie nettement plus confortable et une récupération visuelle très rapide comparativement au PRK. Avec le Lasik, fini la douleur, on peut retourner à des activités régulières dès le lendemain et le taux de complication sérieuse est d’environ 1 cas sur 1 000.

Ce type de chirurgie a révolutionné le monde de l’ophtalmologie et le monde de l’optique également. Au début des années 90, plusieurs ophtalmologistes se sont lancés dans l’aventure réfractive sans réaliser toutes les exigences de cette nouvelle pratique. En effet, plusieurs ont rapidement cessé leurs activités lorsqu’ils ont réalisé que cette clientèle « privée » avait des exigences de service et de performance bien au-delà de la clientèle plus standard des hôpitaux. Tranquillement, la chirurgie réfractive est devenue une surspécialité en soi en ophtalmologie. D’ailleurs, plusieurs universités américaines et canadiennes offrent maintenant des programmes de formation supplémentaires (fellowship) en chirurgie réfractive à la fin de la spécialité régulière. La venue du Lasik et le perfectionnement des lasers ont sonné le glas pour les ophtalmologistes qui ne pratiquaient la chirurgie réfractive qu’en dilettante. Les années 2000 ont donc établi la chirurgie réfractive comme une spécialité à part, avec toute sa complexité et ses avancées technologiques qui obligeaient les cliniques spécialisées à sans cesse renouveler leur équipement pour se tenir à la fine pointe de la modernité.

Des techniques personnalisées

Les nouvelles techniques dites « custom » permettent maintenant d’adapter les traitements pour chaque type de cornée et d’offrir une qualité visuelle améliorée par rapport à ce que le patient connaissait auparavant. On ne se contente donc plus seulement de corriger l’erreur de réfraction, on améliore la fonction visuelle du patient en corrigeant certaines aberrations naturelles de la cornée. On peut maintenant aisément corriger des myopies jusqu’à moins 10 dioptries, des hypermétropies jusqu’à plus 3 dioptries et la plupart des astigmatismes réguliers. Les problèmes de halos en vision nocturne sont maintenant choses du passé, le traitement de plus grandes zones permet maintenant de traiter même les patients ayant de grandes pupilles, sans pour autant créer un inconfort pour le patient.

Pour les astigmatismes irréguliers tels que ceux rencontrés dans les kératocônes, on peut mixer des traitements laser avec la mise en place d’implants « Intacs » intracornéens. Il est à noter que ces techniques ne sont pas pratiquées par tous. Quant au kératocône, une nouvelle technique existe maintenant depuis environ 3 ans afin de stabiliser leur progression, il s’agit du « cross-linking ». Le principe est de réaliser une polymérisation biochimique de la cornée, pour la rendre plus rigide, et ainsi en freiner la déformation progressive qui est à l’origine de la baisse d’acuité visuelle par astigmatisme irrégulier. L’administration pendant 30 minutes d’un collyre de colorant photosensibilisant, la riboflavine (vitamine B12), permet de potentialiser les rayons ultraviolets pour créer des liens entre les fibres de collagène du stroma cornéen et augmenter ainsi leur cohésion. Cette nouvelle avancée contribue à améliorer le sort de ces patients en retardant considérablement l’éventualité d’une greffe de cornée.

Beaucoup de recherches sont actuellement en cours pour trouver une solution à la presbytie via le laser excimer. D’ici quelques années, il y aura certainement de nouvelles avenues dans ce domaine, mais actuellement rien de tel n’est offert sur le marché. La meilleure solution pour la correction de la presbytie est l’extraction du cristallin clair et la mise en place d’un implant intraoculaire diffractif de type Restor ou Tecnis ce qui permet d’obtenir une vision de près et de loin. On doit aviser le patient que sa vision intermédiaire (50-80 cm) sera légèrement compromise (autour de 6/12). La lentille Restor existe au Canada depuis maintenant plus de 7 ans et a fait ses preuves. Le taux de satisfaction est très élevé et environ 90 % des patients ne portent jamais de lunettes après une telle procédure. Le taux de complication rejoint celui d’une chirurgie réfractive conventionnelle.

Des profils psychologiques à éviter

Pour toute chirurgie réfractive, il importe tout d’abord de bien choisir son patient. Les attentes doivent être bien cernées ainsi que sa personnalité. Un individu trop perfectionniste ne sera certes pas le candidat idéal pour une chirurgie en lentille multifocale, le moindre halo ou la moindre imperfection seront interprétés comme un échec même si votre patient voit 6/6! Dans ce domaine, l’expérience du chirurgien ne se remplace pas… Il faut toujours éviter d’opérer un patient dépressif, la chirurgie deviendra sans détour le bouc émissaire de tous ses problèmes et le chirurgien en fera invariablement les frais. La chirurgie réfractive ne crée pas la dépression comme le prétendent certaines études, cependant, elle donne à certains patients l’opportunité de cristalliser tout leur mal de vivre!