Former son équipe pour mieux parler de nutrition oculaire?

Par Barbara Pelletier

Nutrition

Plus que jamais, la nourriture est source de bien des conversations! Une employée a essayé un nouveau restaurant, une autre a apporté une recette de muffins pour la réunion mensuelle, une autre encore vient de découvrir les smoothies verts. En fait, parler d’aliments crée des liens entre les gens et soulève des passions! L’alimentation a aussi une relation importante avec la santé générale et oculaire. Pourquoi donc ne pas en profiter pour encourager vos employés ou coéquipiers à promouvoir le message de la nutrition oculaire auprès de vos patients ou clients?

La première étape est de leur démontrer le lien qui existe entre la nutrition et la santé oculaire et, ultimement, la vision. Pour ce faire, vous pourriez organiser une session d’éducation spéciale durant laquelle vous présenteriez, entre autres, la photo d’un fond d’oeil normal versus la photo d’un oeil atteint de DMLA. Cela illustrera bien de quelle manière la vision peut être affectée. Vous pourriez poursuivre sur l’importance de la prévention pour tous et la pertinence des suppléments pour les patients qui sont malheureusement déjà atteints d’oeil sec ou de dégénérescence maculaire. N’oubliez pas de mentionner qu’un supplément ne remplace pas une bonne alimentation et que les patients atteints de certaines maladies oculaires se doivent d’ajouter un supplément à leurs repas.

Fournir à vos employés ou collègues les outils nécessaires et l’information adéquate est tout aussi essentiel. Les livres Aliments pour les yeux et Aliments pour les yeux : pour enfants ont été conçus à cette fin. Si vous faites la promotion des suppléments ou en vendez sur place, demandez à vos fournisseurs des dépliants sur leurs produits. Assurez-vous que vos employés les lisent et comprennent l’information. Une fois votre équipe prête, vous pouvez les impliquer dans des projets spéciaux comme décrits plus bas.

Mandatez quelqu’un pour créer une zone de nutrition dans votre bureau (documentation, suppléments en vente, cartes-recettes pour la santé des yeux); lorsque que vous terminez avec un patient, dirigez-le ainsi que l’employée qui l’aide vers cette zone de nutrition afin qu’il ait la chance d’être renseigné.

Organisez une semaine ou un mois de la nutrition oculaire au bureau: durant cette période, ayez une promotion spéciale pour l’achat d’un an de suppléments, organisez un concours avec un beau prix à gagner en lien avec la nutrition oculaire. Durant le mois de la nutrition, offrez à vos patients de petites portions d’aliments bénéfiques à la santé des yeux, comme par exemple des noix dans de petits verres jetables ou encore un petit verre de smoothie vert. Offrez des cartes-recettes aux patients intéressés. La cuisinière avertie de votre équipe sera heureuse et fière de s’occuper de ce projet spécial. Invitez les médecins, diététistes de votre région à une soirée informative sur le lien entre la nutrition et la santé des yeux.

Si vous avez dans votre équipe une personne active sur les médias sociaux, donnez-lui la mission de partager régulièrement des études, recettes ou articles sur le sujet au nom de votre clinique.

Faites profiter vos coéquipiers de vos bons résultats. Un concours interne ou une prime spéciale pour la vente accrue de suppléments pendant le mois de la nutrition ou une autre période les motivera.

Inclure la nutrition oculaire dans votre pratique requiert un peu de préparation et de travail en amont, mais les résultats en valent grandement la peine. En effet, une meilleure relation avec vos patients, une plus grande loyauté, une rétention accrue ainsi qu’une augmentation de vos revenus en découleront. De plus, vos employés seront inspirés et auront une nouvelle motivation au travail. À employésheureux, patientsheureux!

L’indice glycémique, la teneur en fibres des aliments et leur influence sur la santé oculaire

Par Barbara Pelletier, O.D.

NutritionUne alimentation haute en fibres alimentaires et à indice glycémique moyen ou faible serait bénéfique pour prévenir l’incidence de la DMLA.  En effet, l’étude Blue Mountains Eye Study, réalisée en Australie sur une période de 10 ans, a révélé une hausse significative de débuts de DMLA chez les sujets consommant une diète à indice glycémique plus élévé par rapport aux sujets dont l’alimentation en comportait moins.  Selon la même étude, les fibres alimentaires, en particulier celles contenues dans l’avoine, pourraient avoir un rôle protecteur contre le commencement d’une DMLA. [1] De plus, à long terme, la surconsommation d’aliments à indice glycémique élevé augmente aussi les risques de diabète et de maladies cardiovasculaires.

Mais qu’est donc l’indice glycémique? C’est un critère de classification de la qualité des glucides contenus dans les aliments. Il permet de comparer le pouvoir glycémiant des aliments en quantifiant la hausse du niveau de glucose sanguin produite par un aliment spécifique par rapport à un aliment de référence, qui est généralement le glucose ou le pain blanc, dont l’indice glycémique est de 100.  Les aliments dont l’indice glycémique est de moins de 35 sont considérés comme ayant un indice glycémique faible.  La grande majorité des fruits frais, des légumes verts, des légumineuses et des céréales en grains entiers ont un indice glycémique faible.  Les aliments dont l’indice glycémique se situe entre 35 et 50 ont un indice glycémique moyen. Parmi ceux-ci, on retrouve les produits à base de céréales complètes à 100 %, les bananes, les abricots secs, les figues sèches et les pommes de terres cuites à la vapeur.  Les aliments ayant un indice glycémique de plus de 50, tels que le pain blanc, le riz blanc, les pommes de terre, les confiseries, les dattes, les barres chocolatées et les carottes cuites, sont considérés comme ayant un indice glycémique élevé. Il est à noter que l’indice glycémique d’un aliment peut varier. Plusieurs facteurs sont susceptibles d’influencer cette mesure.  Par exemple, le blé : plus celui-ci est moulu finement, plus l’indice glycémique sera élevé.  La farine raffinée a un indice glycémique plus élevé que la farine entière; les pâtes faites de semoule, moulue plus grossièrement, ont aussi un indice glycémique plus bas.

NutritionTable

L’indice glycémique ne tient pas compte de la quantité de glucide ingéré lorsque l’on mange une portion moyenne d’un aliment donné.  À titre d’exemple, le melon d’eau dont l’indice glycémique est de 75 (élevé) ne contient en fait que très peu de sucre. Une portion habituelle de melon d’eau ne provoquera pas de forte augmentation de la glycémie.

La charge glycémique apporte un complément d’information à l’indice glycémique.  Elle tient compte de l’indice glycémique et de la quantité de glucides d’une portion normale de l’aliment.  Elle tient aussi compte du fait que les fibres alimentaires d’un aliment ou d’un autre aliment consommé en même temps ont un effet antiglycémiant. La charge glycémique peut être nulle, faible (10 ou moins), modérée (11 à 19) ou forte (20 et plus).

La qualité des glucides ingérés a une influence non seulement sur la santé en général, mais aussi sur la santé oculaire. Les aliments à teneur élevée en fibres tendent à avoir un indice glycémique faible; ils s’avèrent donc bénéfiques pour la santé oculaire et sont à préconiser. Par contre, les aliments à haute teneur en sucres ou farines raffinées sont à éviter ou éliminer. Instruire nos patients sur ces faits les aidera à améliorer leur alimentation et par le fait même leur santé oculaire.  Nos patients comptent sur nous pour les éduquer en termes de prévention, comme nous le faisons déjà à propos des effets dommageables des rayons du soleil.

[1]KAUSHIK, S. et al. « Dietary Glycemic index and the Risk of Age-Related Macular Degeneration », The American Journal of Clinical Nutrition, vol. 88, Octobre 2008, no. 4, p. 1104-1110

Coup d’œil sur les résultats de l’étude AREDS 2

Par Barbara Pelletier, OD.

nutrition

Au printemps dernier, les résultats tant attendus de l’étude AREDS 21 sont sortis. Les conclusions en ont surpris plusieurs et ont même semé la confusion chez certains. Voici un regard sur les résultats, sous un angle nutritionnel.

L’étude, qui s’est étendue sur cinq ans, visait à analyser les effets d’un supplément administré quotidiennement contenant 10 mg de lutéine et 2 mg de zéaxanthine et/ou 350 mg d’ADH et 650 mg d’AEP sur la progression au stade avancé de la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA). L’objectif secondaire de l’étude était de vérifier si des formulations AREDS modifiées, l’une sans bêta-carotène, l’autre à dose réduite de zinc, étaient aussi efficaces que la formulation originale AREDS pour réduire le risque de progression au stade avancé de la maladie. L’objectif de l’étude n’en était donc pas un de prévention primaire. Les sujets étudiés lors d’AREDS 2 présentaient un état pathologique plus avancé que ceux de l’étude AREDS originale. De plus, ils étaient plus âgés et plus éduqués que la population générale et prenaient généralement bien soin d’eux-mêmes.

Tous les participants de l’étude ont pris 500 mg de vitamine C, 400 UI de vitamine E et 2 mg de cuivre. En outre, la moitié des participants a reçu 10 mg de lutéine, 2 mg de zéaxanthine, 350 mg d’ADH, 650 mg d’AEP, 25 000 UI de bêta-carotène et 80 mg de zinc, alors que l’on a administré à l’autre moitié des suppléments factices (placebo).

Lutéine et zéaxanthine

Les résultats d’AREDS 2 ont rapporté 18 % de réduction de progression de la DMLA avancée chez les sujets ayant reçu 10 mg de lutéine et 2 mg de zéaxanthine en plus du supplément AREDS sans bêta-carotène, comparativement au supplément AREDS original avec bêta-carotène. De plus, les chercheurs ont remarqué des effets de protection de la lutéine et de la zéaxanthine plus prononcés chez les sujets dont l’apport alimentaire de ces nutriments était le plus faible, ce qui est plus représentatif de la population américaine en général. En effet, l’apport alimentaire de lutéine et de zéaxanthine chez les Américains est de moins de 1 mg par jour, ce qui est bien inférieur à la quantité nécessaire pour prévenir efficacement la DMLA, selon les études scientifiques. Néanmoins, les chercheurs ont quand même observé un effet bénéfique de la supplémentation de lutéine et de zéaxanthine chez les sujets ayant l’apport alimentaire le plus élevé de ces nutriments.

Bêta-carotène

Dans l’étude AREDS1, le bêta-carotène a été ajouté à la formulation parce qu’il était à l’époque un antioxydant populaire. Cet antioxydant, contrairement à la lutéine et à la zéaxanthine, n’est pas présent dans l’oeil. On a constaté que le bêta-carotène ne jouait probablement pas un grand rôle dans la prévention de la DMLA. Comme des études précédentes ont démontré un risque accru de cancer du poumon chez les sujets fumeurs qui prenaient un supplément de bêta-carotène, AREDS 2 ne contient pas cet antioxydant. Les chercheurs ont trouvé un risque deux fois plus grand de cancer du poumon chez les sujets ayant pris du bêta-carotène : 90 % de ces cancers ont été décelés chez des ex-fumeurs et il s’est avéré que 50% des sujets de l’étude AREDS 2 étaient des ex-fumeurs. Plusieurs personnes atteintes de DMLA ont fait l’expérience du tabagisme. C’est pour cette raison que le bêta-carotène ne devait pas faire partie de la formulation AREDS 2.

De plus, le bêta-carotène sous forme de supplément entraîne une réduction de la lutéine et de la zéaxanthine sanguine de 33 %. Par contre, le bêta-carotène provenant des aliments n’a pas démontré cet effet. Comme il n’est plus recommandé d’utiliser des suppléments de bêta-carotène, il est donc important d’encourager vos patients à manger des aliments riches en caroténoïde, puisqu’il se convertit en vitamine A, qui à son tour se transforme en rhodopsine et en photopsine, des éléments-clés du signal visuel. Les patates douces, les carottes et les courges sont de bonnes sources de bêta-carotène.

Oméga-3

À la surprise de plusieurs, les oméga-3 étudiés dans AREDS 2 n’ont pas démontré d’effets positifs au stade avancé de la DMLA. Plusieurs facteurs peuvent entrer en jeu. Le document officiel du National Health Institute stipule que « les autres facteurs à considérer sont la dose inadéquate, la durée inadéquate du traitement, ou les deux. La forme d’acides gras polyinsaturés à longue chaîne d’oméga-3 (ester éthylique) et le rapport DHA:EPA peuvent s’avérer inappropriés ».

Une autre piste démontre que le groupe placebo recevait déjà un apport plus élevé d’AEP et d’ADH dans leur alimentation que la moyenne des Américains. Peut-être que l’AEP et l’ADH sont plus efficaces lors des stades moins avancés de la DMLA. Reste que l’AEP et l’ADH sont des composantes notables de la rétine. Il est donc important de consommer des poissons gras de type sardines, maquereaux, saumon sauvage et truite arc-en-ciel. Comme plusieurs personnes n’arrivent pas à consommer suffisamment de sources alimentaires d’oméga-3, un supplément d’oméga-3 pour favoriser la santé maculaire (environ 2 000 mg sous la forme de triglycéride ré-estérifiée) est encore à recommander selon plusieurs experts, notamment le Dr Finemann, spécialiste de la rétine à l’hôpital Wills Eye de Philadelphie.

À la suite de l’analyse des résultats de l’étude, le National Eye Institute a recommandé d’ajouter 10 mg de lutéine, 2 mg de zéaxanthine et d’éliminer le bêta-carotène de la formule originale AREDS. L’étude AREDS 2 avait pour but d’analyser les effets protecteurs sur les gens déjà parvenus au stade intermédiaire de la DMLA. Il ne faut pas perdre de vue que le nombre de cas de DMLA devrait doubler d’ici l’année 2031. La prévention devrait donc être une priorité pour tous, et celle-ci passe par l’éducation de chaque patient, tout particulièrement de ceux qui sont à risque de développer la maladie.

1. Les résultats initiaux de l’étude ont été publiés dans le Journal of the American Medical Association (JAMA) and JAMA Ophthalmology (http://jama.jamanetwork.com/article.aspx?articleid=1684847). Autre source: Nutrition Action Healthletter, October 2013. Publisher: Centre for Science in the Public Interest.

Les enfants et leur vision

Par Barbara Pelletier, O.D.

Le retour à l’école implique que chaque année une ribambelle d’enfants vient nous visiter pour un examen de la vue avant de commencer la nouvelle année scolaire.  Nous avons (presque!) l’impression d’avoir une classe dans la salle d’attente. Il y a tant d’enfants à notre horaire que, parfois, nous croyons à nous seuls examiner tous les enfants d’une école entière!  Mais selon les statistiques, c’est loin d’en être le cas… En effet, un enfant sur quatre aura un désordre visuel qui affectera ses ambitions académiques, 16 % des enfants en bas de 6 ans ont déjà eu un examen de la vue, et seulement 50 % des enfants d’âge scolaire auront eu un examen de la vue avant la fin de leur secondaire.

Un examen de la vue incluant cycloplégie, phories, amplitudes fusionnelles, amplitude d’accommodation et tests plus poussés au besoin sont essentiels pour détecter des problèmes de vision binoculaire qui peuvent affecter l’apprentissage. Les troubles d’accommodation et de vergences sont souvent faciles à régler et peuvent faire toute la différence dans la vie scolaire d’un enfant. N’hésitez pas à référer en rééducation visuelle au besoin.

L’alimentation chez les plus jeunes

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, les enfants sont très ouverts à manger santé dans la mesure où on leur explique pourquoi certains nutriments sont importants et dans quels aliments les trouver. Avec cette éducation de base, ils seront facilement enclins à demander à leurs parents de les ajouter au panier d’épicerie.

Une manière simple et facile d’aborder le sujet lors d’un examen de la vue est de leur demander s’ils connaissent un aliment bon pour leurs yeux. Généralement, ils répondent « les carottes »…  Et voilà la porte d’entrée pour leur parler des autres aliments bénéfiques à la vision:

  • les poissons d’eau froide comme les sardines, les maquereaux, la truite arc-en-ciel et le saumon sauvage;
  • les légumes à feuilles vertes tels que le chou vert frisé et les épinards;
  • les poivrons orange;
  • les jaunes d’œufs.

On ne manquera pas de leur souligner combien la malbouffe est tout aussi dommageable pour les yeux que pour le corps en général. Et si vous comprenez que votre jeune patient ne consomme pas assez de poissons d’eaux froides (et qu’il sera difficile de changer cela), n’hésitez pas à prescrire un supplément d’AEP-ADH :  600 à  1 000 mg seront de bonnes doses de départ. Selon Statistiques Canada, la moitié des enfants de 4 à 18 ans consomment moins que cinq portions de fruits et légumes par jour.[1] Comme il est plus facile d’augmenter la consommation de fruits et de légumes que celle des poissons, un supplément n’est généralement pas nécessaire.

Protection contre la radiation solaire

Si vous alliez faire un tour près d’une cour d’école à l’heure de la récréation, vous constateriez que la plupart des enfants ne portent pas de lunettes de soleil.  Par contre, ils se sont enduits de crème solaire avant de partir pour l’école ou avant de jouer à l’extérieur et portent probablement un chapeau.  Les parents et les enseignants ne sont pas suffisamment éduqués sur l’importance de la protection solaire pour les yeux de leurs enfants.  Pourtant, ces derniers sont les plus sensibles aux dommages causés par le soleil.

Il imcombe au professionel de la vue d’éduquer les enseignants, les parents et les enfants sur l’importance de la protection des yeux contre les rayons UV et les coups de soleil.  Il faut aussi éduquer les parents sur le choix des lunettes de soleil.  En effet, il est plus dommageable de porter des lunettes de soleil sans protection UV que de ne pas porter de lunettes de soleil du tout.  En tant que professionnels, nous le savons, mais ce n’est pas suffisant; il faut éduquer chaque patient sur ce fait. Une bonne manière d’aborder le sujet est de tester la transmission UV des lunettes solaires de vos patients et de les informer sur ce qu’il faut rechercher pour avoir une bonne protection.

Diffuser l’information

Cette année, à la rentrée, il peut être judicieux d’impliquer votre équipe pour éduquer chaque enfant, parent ou enseignant qui vient vous visiter sur l’importance des examens de la vue annuels pour prévenir les maladies oculaires, de la vision dans l’apprentissage, de la nutrition pour le fonctionnement de l’œil et du signal visuel, ainsi que de la protection solaire pour les yeux des enfants. Et le mieux serait encore de programmer des visites dans les écoles et de faire une présentation sur le sujet!


[1] http://www.stat.gouv.qc.ca/publications/sante/pdf2008/alimentation_jeunes.pdf

Bien-être, bien vivre et santé oculaire

Par Barbara Pelletier*, O.D.

Il est facile de perdre de vue que les yeux d’une personne sont reliés à son corps.  Conséquemment, l’état de santé du corps aura une influence sur l’état de santé des yeux. Nombre d’études le confirment d’ailleurs. Voici ici un survol des différents domaines qui relient la santé générale, le mode de vie et la santé oculaire.

Les yeux et le système cardiovasculaire

La dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA) et les maladies cardiovasculaires ont en communs plusieurs facteurs de risque, tels que l’âge, le tabagisme, les niveaux d’antioxydants, l’activité physique, l’indice de masse corporelle et le tour de taille. D’après une étude publiée en 2006, les patients atteints de DMLA ont un risque accru d’accident vasculaire cérébral (AVC) et ce, indépendamment des autres facteurs de risque d’AVC[1]. Une autre étude a démontré un risque à long terme plus élevé de graves complications dues aux maladies cardiovasculaires et aux accidents vasculaires cérébraux chez les patients atteints de DMLA[2].

Les yeux et l’obésité

L’indice de masse corporelle (IMC) et le tour de taille sont des indicateurs d’obésité. Seddon a démontré qu’un IMC supérieur à la normale peut être associé avec un risque accru de DMLA.  De plus, un tour de taille ou un rapport taille/hanches élevé, l’obésité généralisée ou l’obésité abdominale peut accroître la probabilité de progression de la DMLA aux stades d’atrophie géographique et de néovascularisation[3].

Index glycémique et DMLA

Lors d’une étude sur 1 810 candidats, échelonnée sur 10 ans, il a été démontré qu’une alimentation avec un index glycémique élevé est un facteur de risque pour la DMLA précoce, qui est le précurseur de la DMLA avancée. Cette même étude a conclu que les aliments à index glycémique bas peuvent protéger contre l’apparition de la DMLA précoce[4].

Les yeux et l’exercice

Dans le cadre de l’étude sur l’obésité citée plus haut, il a été démontré que le fait de faire de l’exercice trois fois par semaine peut ralentir la progression de la DMLA. De plus la marche et la course sont tous les deux associés à une réduction du risque de développer une cataracte. Le risque de cataracte semble décroître de manière linéaire avec l’augmentation de la dépense énergétique[5]

Les yeux et le diabète

Il est bien connu que les diabétiques courent le risque de développer l’oedème maculaire et la rétinopathie diabétique. Le diabète est aussi associé à la DMLA néovasculaire mais n’est pas associée à l’atrophie géographique[6]. De plus, les diabétiques avec un taux d’hémoglobine A1c élevé courent un plus grand risque de développer les cataractes, tous types confondus.

Les yeux et le tabagisme

Le tabagisme est associé à une plus grande prévalence de sclérose nucléaire et de cataractes sous-capsulaires postérieures. Les fumeurs on aussi un risque de DMLA sur 15 ans 45 % plus élevé que les non-fumeurs[7].

Les yeux et la protection solaire

La surexposition à la lumière ultraviolette peut provoquer les cataractes et la dégénérescence maculaire liée à l’âge. L’exposition à la lumière bleue est associée à la néovascularisation chez les patients atteints d’un début de DMLA et ayant un faible taux d’antioxydants.

Conclusion

Avec toutes les preuves scientifiques dont nous disposons aujourd’hui, il est clair qu’adopter un mode de vie sain afin d’éviter les maladies cardiovasculaires, le diabète et l’obésité rapporte également des bienfaits en ce qui a trait à la santé oculaire à long terme. Il est aussi évident que chacun a sa santé générale et oculaire en mains, du moins partiellement: Allez-y : bougez et mangez mieux! 

 

* Barbara Pelletier pratique chez IRIS à Welland, Ontario, où elle est partenaire. Elle possède une grande expérience en soins péri-opératoires de chirurgie réfractive. Passionnée par la nutrition, Barbara répond au public soucieux de savoir ce qu’il faut manger pour avoir des yeux plus sains en publiant avec sa collègue Laurie Capogna un ouvrage de sensibilisation : Aliments pour les yeux : un programme alimentaire pour des yeux en santé.



[1] Wong, TY, Klein, R, Sun, C, Mitchell, P, Couper, DJ, Lai, H, Hubbard, LD, et Sharrett, AR, “Age-related macular degeneration and risk of stroke.” Annals of Internal Medicine, 2006 Jul 18, vol. 145 issue 2, p.98-106.

[2] Tan, JS, Wang, JJ, Liew, G, Rochtchina, E, et Mitchell, P, “Age-related macular degeneration and mortality from cardiovascular disease or stroke.” British Journal of Ophthalmology, 2008 Apr, vol. 92 issue 1, p. 509-512.

[3] Seddon, JM, Côté, J, Davis, N, et Rosner, B, “Progression of age-related macular degeneration: association with body mass index, waist circumference and waist, hip ratio.” Archives of Ophthalmology, 2003 June, vol. 121, issue 6, p.785-792

[4] Dietary glycemic index and the risk of age-related macular degeneration.

[5] WILLIAMS, PT, ”Walking and Running Are Associated with Similar Reductions in Cataract Risk.” Medicine and Science in Sports and Exercise, 2012 Dec 27.

[6]  TOPOUZIS, F et al, “Association of diabetes with age-related macular degeneration in the EUREYE study.” British Journal of Ophthalmology, 2009, Aug., Vol. 93, p. 1037-1041

[7] CUMMING, RG, MITCHELL, P, “Alcohol, smoking, and cataracts: the Blue Mountains Eye Study.” Archives of Ophthalmology, 1997 Oct., Vol. 115, issue 10, p. 1296-1303

Éléments nutritifs émergents très prometteurs

Par Barbara Pelletier, OD.

Grâce à la recherche scientifique et clinique, nous en apprenons de plus en plus sur les effets des éléments nutritifs sur la vision et la santé de l’oeil. Nous n’en sommes présentement qu’aux stades préliminaires de la recherche sur certains nutriments, mais il semble que l’avenir soit prometteur pour les patients atteints de dégénérescence maculaire et autres maladies oculaires.

Le resvératrol soulève des espoirs
Le resvératrol est un polyphénol présent dans les peaux de raisins, le vin rouge, le jus de raisin violet, les arachides, et certaines baies telles que les myrtilles, les canneberges et les bleuets. Le resvératrol est concentré par le processus de fabrication du vin. L’étude AREDS 2 étudie présentement ses effets sur l’expansion de l’atrophie géographique dans la dégénérescence maculaire. De plus, cette molécule pourrait avoir un rôle dans la résorption de la lipofuscine maculaire. En effet, Stuart Richer a rapporté le cas d’un patient de 80 ans dont la lipofuscine maculaire a été réduite et la fonction visuelle améliorée avec un traitement de supplément nutritionnel à haute dose de resvératrol, et ce après qu’un traitement à la lutéine et oméga-3 n’ait pas produit le résultat escompté. Il sera intéressant de voir si cette approche pourra être appliquée à la plupart des patients atteints de drusen maculaires.

Un autre domaine dans lequel les effets du resvératol sont étudiés est son rôle dans celui de la prévention du glaucome. En effet, un groupe de recherche a évalué les effets d’une administration chronique d’un supplément de resvératrol sur l’expression de marqueurs d’inflammation, de dommages oxydatifs et de sénescence cellulaire des cellules du trabéculum exposées à un stress oxydatif chronique. Le resvératrol a prévenu l’augmentation de la production d’espèces réactives de l’oxygène intracellulaires et a réduit l’expression de marqueurs de sénescence cellulaire. Ces résultats suggèrent que le resvératrol pourrait avoir un rôle dans la prévention des anomalies du trabéculum observées dans les cas de glaucome à angle ouvert.

CoQ10 : une molécule protectrice et réparatrice
Le Coenzyme Q10 (CoQ10) est une molécule liposoluble principalement synthétisée par le corps humain mais aussi consommée dans l’alimentation. Les principales sources alimentaires de CoQ10 sont les viandes, les volailles, et les poissons gras tels que les sardines et le saumon. On en retrouve aussi dans les arachides, les pistaches, le brocoli et le germe des grains entiers. Sa fonction principale est celle de catalyseur métabolique dans la production d’énergie. Le CoQ10 agit aussi comme antioxydant dans les membranes cellulaires lipoprotéiques et il est requis pour la synthèse d’énergie au niveau de la mitochondrie.

Les niveaux de CoQ10 dans la rétine diminuent avec l’âge. Ce déclin peut avoir deux conséquences : une réduction de l’activité anti-oxydante et une réduction du taux de synthèse de l’adénosine triphosphate au niveau de la rétine. La diminution de ces deux fonctions pourrait être reliée à la progression de la dégénérescence maculaire. De plus, selon certaines études, le CoQ10, avec les oméga-3 et l’Acetyl-L-Carnitine, pourrait jouer un rôle  protecteur ou même réparateur  dans les cas de début de dégénérescence maculaire liée à l’âge. Comme il n’a pas été testé seul, l’importance de son incidence n’est pas claire en ce moment. Reste cependant qu’avec les autres composés nommés ci-haut, il a eu un effet de stabilisation et même une diminution de la zone de drusen comparativement aux contrôles dans une étude sur 106 patients.

Il sera fort intéressant de suivre dans les prochaines années les développements de la recherche dans le domaine des effets de la nutrition sur la santé et les maladies oculaires. Une lueur d’espoir pour les cas de dégénérescence maculaire sèche s’est allumée. Espérons que des résultats positifs contribueront à venir en aide aux personnes atteintes.


RICHER S, STILES W, THOMAS C. “Molecular medicine in ophthalmic care.” Optometry, 2009 Dec, vol. 80, issue 12, p. 695-701.

LUNA C, LI G, LITON PB, QIU J, EPSTEIN DL, CHALLA P, GONZALEZ P. “Resveratral prevents the expression of glaucoma markers induced by chronic oxidative stress in trabecular meshwork cells.” Food and Chemical Toxicology, 2009 Jan, vol. 47, issue 1, p. 198-204.

KAUSHIK S, WANG JJ, FLOOD V, TAN JSL, BARCLAY AW, WONG TY, BRAND-MILLER J, MITCHELL P. “Dietary glycemic index and the risk of age-related macular degeneration.” The American Journal of Clinical Nutrition, 2008 Oct, vol. 88, issue 4, p. 1104-1110.

QU J, KAUFMAN Y, WASHINGTON I. “Coenzyme Q10 in the human retina.” Investigative Ophthalmology & Visuel Science, 2009 Apr, vol. 50, issue 4, p. 1814-8. 

FEHER J, KOVACS B, SCHVEOLLER M, PAPALE A, BALACCO Gabrieli C. “Improvement of visual functions and fundus alterations in early age-related macular degeneration treated with a combination of acetyl-L-carnitine, n-3 fatty acids, and coenzyme Q10.” Ophthalmologica, 2005 May-June, vol. 219, issue 3, p. 154-66.

Éléments nutritifs (2e partie)

Éléments nutritifs (2e partie)
Par Barbara Pelletier*, O.D.

AREDS (Age-Related Eye Disease Study) et d’autres études nous ont appris que les antioxydants jouent un rôle important dans la prévention et le ralentissement des maladies oculaires telles que la dégénérescence maculaire liée à l’âge et les cataractes. Les antioxydants sont des vitamines et éléments nutritifs qui contribuent à prévenir l’oxydation dans l’organisme. De ce nombre, les vitamines C et E ainsi que le zinc sont essentiels au maintien de la santé oculaire.

La vitamine C

La vitamine C est la principale vitamine extracellulaire hydrosoluble anti-oxydante du corps humain. Ce dernier ne peut ni la synthétiser ni la stocker. De plus elle a une demi-vie1 d’environ 30 minutes, ce qui signifie qu’il faut en consommer plusieurs fois par jour pour en maintenir une quantité adéquate dans le corps en tout temps.  Elle est de 10 à 20 fois plus concentrée dans les tissus oculaires que dans le sérum sanguin.

En fait, on la retrouve dans tous les tissus oculaires, surtout dans la cornée, l’humeur aqueuse, le vitré et la rétine. Dans l’oeil, elle joue plusieurs fonctions. Antioxydant puissant, elle réduit substantiellement la perte de DHA lors d’exposition à la lumière et protège la rétine contre le stress oxydatif de la lumière bleue. Elle aide à prévenir les cataractes et, avec les autres antioxydants, contribue à ralentir la progression de la DMLA.

Plusieurs experts recommandent un apport de 250-500 mg de vitamine C par jour, ce qui requiert environ de 9 à 13 portions de fruits et légumes quotidiennement. Les meilleures sources alimentaires de vitamine C sont les poivrons, les légumes à feuilles vertes, les agrumes et les brocolis. Attention: le jus d’orange est la principale source de vitamine C de la plupart des Nord-Américains. Cette source haute en glucose rentre cependant en compétition avec la vitamine C pour le transport et l’absorption aux cellules. De ce fait, plus il y a de sucre dans l’alimentation, plus on a besoin de vitamine C.

La vitamine E

La vitamine E est le principal anti-oxydant liposoluble de la membrane cellulaire.  Elle existe en huit formes différentes, regroupées en deux classes, les tocophérols et les tocotriénols. La forme la plus couramment utilisée en suppléments est l’alpha tocophérol. Elle est très concentrée dans la zone parafovéolaire de l’épithélium pigmentaire de la rétine. La vitamine E limite les dommages des radicaux libres et agit aux niveaux métaboliques et immunitaires.

Les personnes ayant des niveaux plus élevés de vitamine E dans leur alimentation ont un risque plus faible de développer la DMLA. L’étude AREDS a démontré que la supplémentation avec de fortes doses d’antioxydants incluant la vitamine E a pour effet de retarder la progression de la DMLA. De plus, elle réduit le risque de cataractes.

L’apport nutritionnel recommandé en vitamine E est de 15 mg par jour. Les sources alimentaires de vitamine E sont les noix, les graines, certaines huiles végétales, les sardines, les avocats et les oeufs.

Le zinc

Le zinc est un élément antioxydant essentiel présent dans chaque cellule du corps humain. Sa fonction pour la santé oculaire commence dans le foie où il mobilise les vitamines A et E pour les transporter à la rétine.

La consommation alimentaire de zinc est inversement reliée à l’incidence de la DMLA. L’étude AREDS a démontré que 80 mg de zinc en supplément, en combinaison avec d’autres antioxydants, aide à réduire de 25 % la progression de la DMLA intermédiaire au stade avancé.

À l’instar de la vitamine C, il est très difficile d’obtenir, avec l’alimentation seulement, l’apport nutritionnel en zinc recommandé par Santé Canada, soit quotidiennement 8 mg pour les femmes et 10 mg pour les hommes. Les huîtres sont les aliments les plus concentrés en zinc. Il est aussi présent dans les fruits de mer, les viandes et volailles, les noix, les fèves, les grains entiers et les céréales enrichies. 

Comme les vitamines C et E et le zinc jouent d’importants rôles dans le fonctionnement et la santé des yeux, il est sage d’intégrer à son alimentation quotidienne des aliments qui en sont riches.

1. Laps de temps que met une substance pour perdre la moitié de son activité pharmacologique, physiologique ou radioactive.

Sources:

A randomized, placebo-controlled, clinical trial of high-dose supplementation with vitamins C and E, beta carotene, and zinc for eye-related macular degeneration and vision loss: AREDS report No.8, Ophthalmology, 2001 oct, 119 (10), p.1417-1436.

“The relationship of dietary carotenoid and vitamin A, E and C intake with age-related macular degeneration in a case-control study: AREDS report No. 22”, Ophthalmology, 2007 Sept, 125 (9), p. 1225-32.

MCDERMOTT, J. Antioxydant nutrients: Current dietary recommendations and research update. J. Am. Pharm. Assoc., 2000, 40 (6) p. 785-799.

ORGANISCIAK, D.T., WANG, H.M., et al., “The protective effect of ascorbate in retinal light damage of rats”. Invest. Ophthalmology Vision Sciences, 1985, 26 (11), 1580-1588.

RICHER S, STILES W, THOMAS C. “Molecular medicine in ophthalmic care”, Optometry. Volume 80, Issue 12, 2009 Dec., p. 695-701.

VAN LEEUWEN, “Dietary intake of antioxidants and risk of age-related macular degeneration”, JAMA, 2005 Dec 28, 294 (24) p.3101-3107; CHRISTEN, “Dietary carotenoids, vitamins C and E, and risk of cataracts in women”, Ophthalmology, 2008 Jan, 126 (1), p. 102-109.

* Barbara Pelletier pratique chez IRIS à Welland, Ontario où elle est partenaire. Elle possède une grande expérience en soins périopératoires de chirurgie réfractive. Passionnée par la nutrition, Barbara répond au public soucieux de savoir ce qu’il faut manger pour avoir des yeux plus sains en publiant avec sa collègue Laurie Capogna un ouvrage de sensibilisation : Aliments pour les yeux : un programme alimentaire pour des yeux en santé.

Éléments nutritifs (1ère partie)

Éléments nutritifs (1ère partie)
Par Barbara Pelletier*, O.D.

Les caroténoïdes et les oméga-3

Les caroténoïdes sont des pigments liposolubles, synthétisés uniquement par les plantes et les algues; il en existe plus de 600 dans la nature. Les humains ne peuvent les synthétiser et doivent donc les obtenir à partir de leur alimentation. Les caroténoïdes, répartis en deux classes, les carotènes et les xanthophylles, agissent entre autres en tant qu’antioxydants.

Le bêta-carotène, caroténoïde pro vitamine A de la classe des carotènes, est celui qui est converti de manière la plus efficace en vitamine A. Cette dernière se retrouve dans la conjonctive de l’œil ainsi que dans les bâtonnets et les cônes de la rétine. Dans la conjonctive, elle sert au maintient de la muqueuse et soutient l’équilibre du film lacrymal, ce qui contribue à la prévention de la sécheresse oculaire. Dans la rétine, elle subit une cascade de transformations au cours de laquelle elle devient la photopsine et/ou la rhodopsine. Elle transforme la lumière en signal nerveux, amorçant ainsi le signal visuel envoyé au cerveau.

Les sources alimentaires de bêta-carotène sont les légumes orange tels que les patates douces, les courges et les carottes, les légumes à feuilles vertes comme le chou frisé et les épinards, et quelques fruits dont le cantaloup.

Étant donné que l’innocuité de la bêta-carotène sous forme de suppléments est mise en doute, il est primordial d’en obtenir assez de son alimentation, surtout pour les gens atteints de dégénérescence maculaire. Le bêta-carotène provenant de la nourriture est sécuritaire et très important, mais peut être soumis à la compétition avec la lutéine et la zéaxanthine en ce qui a trait à son transport.  Les recherches scientifiques n’ont pas encore pu déterminer s’il est nécessaire de séparer ces deux groupes de caroténoïdes lors de l’ingestion.

La lutéine et la zéaxanthine sont des caroténoïdes xanthophylles, concentrés dans la macula et le cristallin. La lutéine se retrouve dans les zones périfovéolaires alors que la zéaxanthine se loge dans la fovéa. Ces pigments maculaires absorbent la lumière bleue, de courte longueur d’onde. Ce faisant, ils protègent la macula des effets dommageables de cette lumière et favorisent la performance visuelle en améliorant la sensibilité au contraste et en réduisant l’éblouissement.

Les sources alimentaires de lutéine et de zéaxanthine sont les jaunes d’œuf ainsi que les légumes à feuilles vertes comme le chou frisé, les épinards, la bette à carde et la laitue romaine. Les poivrons orange restent une source exceptionnelle de zéaxanthine.

Acides gras oméga-3

Les acides gras oméga-3 sont des acides gras polyinsaturés. Les trois plus importants pour la santé humaine demeurent l’acide alphalinoléique (ALA), l’acide eicosapentanoïque (EPA) et l’acide déhydroépiandrostérone (DHA). L’ALA est un acide gras essentiel, ce qui signifie que le corps humain ne peut le synthétiser à partir d’autres éléments. L’EPA et le DHA peuvent être synthétisés à partir de l’ALA mais cette conversion n’est pas efficace. L’EPA et le DHA sont cruciaux pour le maintien de la santé oculaire; il est donc primordial d’en consommer assez, et de la bonne source, soit à partir de poissons gras.

L’EPA possède des fonctions anti-inflammatoires et est donc utile à la prévention et au traitement de l’œil sec et de la blépharite. Le DHA se retrouve en quantité exceptionnellement élevée dans les phospholipides des photorécepteurs où il soutient l’efficacité de la cascade visuelle. Lorsqu’un individu a une alimentation pauvre en DHA, ce dernier est remplacé par un oméga-6 (DPA) dans les membranes des photorécepteurs, ce qui réduit l’efficacité de la cascade visuelle. Le DHA est important dans la prévention de la dégénérescence maculaire et dans la prévention de la progression de cette maladie chez les gens atteints.

Les poissons gras tels que les sardines, les maquereaux, le saumon sauvage et la truite arc-en-ciel sont les meilleures sources d’EPA et de DHA. 

La consommation de légumes orange et à feuilles vertes sur une base quotidienne, ainsi que de poissons gras et de poivrons orange tous les deux jours, aident au maintien de la santé oculaire. En plus de bien s’alimenter, les personnes souffrant de DMLA et d’autres maladies oculaires, comme le syndrome de l’œil sec, ont besoin de suppléments pour prévenir la progression de leur condition.

* Barbara Pelletier pratique chez IRIS à Welland, Ontario où elle est partenaire. Elle possède une grande expérience en soins péri-opératoires de chirurgie réfractive. Passionnée par la nutrition, Barbara répond au public soucieux de savoir ce qu’il faut manger pour avoir des yeux plus sains en publiant avec sa collègue Laurie Capogna un ouvrage de sensibilisation : Aliments pour les yeux : un programme alimentaire pour des yeux en santé.

Nutrition et DMLA: coup d’œil sur les études

Nutrition et DMLA: coup d’œil sur les études
Par Barbara Pelletier*, O.D.

Depuis plusieurs années, nous sommes bombardés d’information sur la santé en général et sur la nutrition. Et le domaine de la santé oculaire ne fait pas exception. Les études sur le sujet se sont multipliées et nous en avons appris beaucoup. Vous trouverez ici un compte rendu condensé de ces études majeures.

AREDS (Age-Related Eye Disease Study)

En 1994, la Dre Johanna Seddon publie une étude importante mettant en valeur le fait qu’une augmentation de  la consommation d’aliments riches en certains caroténoïdes, spécifiquement les pigments maculaires de lutéine et de zéaxanthine, peut réduire le risque de développer une DMLA exsudative1.

Malgré cette certitude, la lutéine et la zéaxanthine n’ont pas été incluses dans la formulation originale d’AREDS 1 en raison du manque de disponibilité d’une forme commerciale de ces pigments.

En 2001, les résultats de l’étude AREDS, commanditée par le National Eye Institute (NEI), sont sortis. Cette étude a démontré les effets protecteurs de certains antioxydants et du zinc sur la progression de la dégénérescence maculaire. En effet, 500 mg de vitamine C, 400 unités internationales de vitamine E, 15 mg de bêta-carotène (équivalent à 25 000 unités internationales de vitamine A), 80 mg de zinc et 2 mg de cuivre, sous forme de suppléments oraux, ont démontré une réduction du risque de progression au stade avancé de la dégénérescence maculaire de 25 % chez les patients déjà atteints. Du même coup, cette combinaison de vitamines et minéraux a démontré une réduction du risque de perte de vision de 19 %. Aucun effet n’a été remarqué sur la progression des cataractes.

Depuis la parution originale de AREDS, des rapports supplémentaires ont été publiés. Parmi ceux-ci, le rapport numéro 22 nous a appris que les caroténoïdes alimentaires, lutéine et zéaxanthine, sont indépendamment associés à un risque réduit de la dégénérescence maculaire néovasculaire, à l’atrophie géographique, et aux drusen grands ou moyens extensifs chez les gens atteints de dégénérescence maculaire. Les autres éléments nutritifs suivants n’étaient pas indépendamment reliés à la dégénérescence maculaire: vitamine A, alpha-tocophérol (vitamine E), vitamine C2. Quant au rapport AREDS numéro 23, il nous a suggéré que la consommation d’acides gras alimentaires oméga-3 à longue chaîne (EPA et DHA) est associée à un risque réduit de progression au stade d’atrophie géographique centrale pour les patients atteints de drusen binoculaires3.

En 2006, le NEI a lancé l’étude AREDS 2 pour évaluer si une combinaison modifiée de vitamines, de minéraux et d’huile de poisson peut ralentir davantage la progression de la perte de vision due à la DMLA. Cette étude vise à raffiner les résultats de la première en ajoutant la lutéine (10 mg), la zéaxanthine (2 mg) ainsi que les acides gras oméga-3 EPA (650 mg) et DHA (350 mg). De plus, AREDS 2 étudie des formulations AREDS modifiées, sans beta-carotène et avec une dose réduite de zinc (25 mg). Les résultats, attendus en 2013, ont pour objectif principal de déterminer si ces éléments nutritifs vont diminuer le risque de progression de la DMLA avancée, qui souvent mène à une perte de vision.

CAREDS (Carotenoids in Age-Related Eye Disease Study)

Il s’agit d’une étude auxiliaire à la vaste Women’s Health Initiative américaine. Les chercheurs de CAREDS ont démontré que la densité optique de pigments maculaires est directement reliée à la consommation alimentaire de lutéine et de zéaxanthine. Ils ont également démontré que la densité optique de pigments maculaires est encore plus fortement reliée aux concentrations dans le sérum sanguin. Donc, tout porte à croire que d’autres facteurs, dont l’absorption, le transport et l’utilisation de la lutéine et de la zéaxanthine, influencent la densité optique des pigments maculaires. En outre, les graisses abdominales et le diabète sont reliés à une plus basse densité optique des pigments maculaires4.

LAST (Lutein Antioxidant Supplementation Trial)

Cette étude, publiée en 2004, avait pour but de déterminer si la supplémentation nutritionnelle de lutéine seule ou de lutéine avec antioxydants, vitamines et minéraux améliorait la fonction visuelle et les symptômes chez les patients atteints de dégénérescence maculaire atrophique. Aux termes d’une année d’étude, les deux groupes de sujets ayant reçu les suppléments ont démontré une amélioration de leur densité optique de pigments maculaires, de leur acuité visuelle, de leur sensibilité aux contrastes et de leur appréciation de la grille d’Amsler en comparaison avec les sujets du groupe ayant reçu un placebo. Les auteurs ont noté qu’une étude prolongée avec davantage de patients des deux sexes était nécessaire pour évaluer les effets à long terme d’un vaste spectre d’antioxydants, de vitamines et minéraux dans le traitement de la DMLA atrophique5.

Conclusion

Les études sur la nutrition et la santé oculaire continuent de démontrer comment notre alimentation, notre consommation de suppléments et notre mode de vie peuvent influencer notre risque de DMLA et d’autres maladies oculaires. Les professionnels de la vue doivent se tenir au courant des différentes études pour bien renseigner leurs patients qui posent souvent beaucoup de questions sur le sujet.

*Barbara Pelletier pratique chez IRIS à Welland, Ontario où elle est partenaire. Elle possède une grande expérience en soins péri-opératoires de chirurgie réfractive. Passionnée par la nutrition, Barbara répond au public soucieux de savoir ce qu’il faut manger pour avoir des yeux plus sains en publiant avec sa collègue Laurie Capogna un ouvrage de sensibilisation : Aliments pour les yeux : un programme alimentaire pour des yeux en santé

1. (Dietary carotenoids, vitamins A, C and E and advanced age-related macular degeneration.  (JAMA 1994;272(18):1413-20).

2. The relationship of dietary carotenoid and vitamin A, E, and C intake with age-related macular degeneration in a case-control study: AREDS Report No. 22. Arch Ophthalmol. 2007;125(9):1225-1232.

3. The relationship of dietary omega-3 long-chain polyunsaturated fatty acid intake with incident age-related macular degeneration: AREDS report no. 23. Arch Ophthalmol. 2008 Sep;126(9):1274-9.

4. Predictors of optical density of lutein and zeaxanthin in retinas of older women in the Carotenoids in Age-Related Eye Disease Study, an ancillary study of the Women’s Health Initiative. Am J Clin Nutrj. 2006 Nov;84(5):1107-22