Par Manon Robert
Pour développer davantage le thème de l’assurance vie et les solutions visant à optimiser votre sécurité financière ainsi que celle de votre entreprise, je vous présente dans cette nouvelle chronique une analyse des risques auxquels votre entreprise pourrait être exposée si les protections en cas de décès ou d’invalidité étaient insuffisantes. Dans la chronique précédente, j’insistais sur l’importance de réévaluer vos investissements périodiquement. Vous devriez également réviser une fois par année votre assurance de personne. Mieux encore, il serait sage de contacter votre conseiller dès qu’il y a des changements qui pourraient affecter votre entreprise.
C’est pourquoi, dans chacune de mes rencontres avec mes clients, j’établis leurs besoins en cas d’un décès ou d’une invalidité prématurée afin d’assurer la pérennité de cet actif précieux : leur entreprise. Je tiens compte alors de plusieurs facteurs dans l’élaboration d’une solution à court terme et aussi pour une stratégie à long terme. Et dans ce contexte de continuité des affaires, il est important de bien comprendre la gestion des risques (invalidité ou décès) qui pourrait affecter momentanément ou perpétuellement les performances de votre entreprise.
À la lumière des éléments précédents, comment peut-on évaluer adéquatement vos besoins afin de diminuer ou limiter vos pertes financières? En fait, le tout réside dans une analyse approfondie de votre entreprise et de ses dirigeants, en vue de mettre en œuvre des solutions pour assurer la continuité des affaires en cas d’événements malheureux.
Conséquemment, il convient de bien identifier les risques visant à réduire ou à éliminer leurs conséquences. Pour ce faire, on doit également identifier et chiffrer les pertes potentielles de toutes les personnes importantes de l’entreprise, leur salaire de remplacement, ainsi que les frais de recherche et d’embauche, car ils sont des acteurs importants dans la croissance de votre entreprise.
Le cas de M. Sceptique
Lors d’un colloque, j’ai rencontré le dirigeant d’une grande société. Selon ses dires, son entreprise valait plusieurs millions. Manifestement en bonne santé, il semblait relativement bien informé en termes d’assurance. Il s’est même empressé d’affirmer qu’il était « sur-assuré »: ses véhicules, ses bâtisses, ses équipements, bref tout était trop assuré! C’est le genre de situation qui me motive à tirer la sonnette d’alarme… En effet, comme la majorité des entrepreneurs, cet homme a assuré les œufs d’or en oubliant de protéger la poule!
J’avais un doute quant à sa couverture d’assurance de personne, comme c’est le cas dans bien des scénarios rencontrés à mon bureau. J’ai alors demandé à M. Sceptique : « Quels sont les rôles et les tâches de chaque actionnaire et personne clé de votre entreprise? » Intrigué, il m’a demandé pourquoi je posais cette question. Je lui ai expliqué que le décès ou l’invalidité d’un actionnaire pourrait engendrer trois conséquences importantes. Premièrement, l’institution prêteuse pourrait devenir frileuse et resserrer par exemple le crédit, car l’actionnaire absent contribuait à la gestion et à la santé financière, aux démarches et aux négociations des prêts et des marges de crédit. Deuxièmement, une perte de clientèle serait à prévoir si l’actionnaire était le seul spécialiste dans son domaine. Et troisièmement, l’insécurité des employés grandirait et ils en profiteraient peut-être pour changer d’entreprise ou être recrutés par les concurrents. Selon le rôle et les tâches de chacun, M. Sceptique a réalisé qu’il y avait un coût pour remplacer la personne décédée ou invalide.
À la suite de cette réflexion, je lui ai demandé s’il avait une convention d’actionnaire. Il a répondu fièrement que oui : « Et dans cette convention, j’ai une clause de retrait des affaires, une clause de paiement, une clause d’assurance et une clause Shotgun1 ». J’ai relancé avec curiosité : « Cette convention est-elle occasionnellement mise à jour, et surtout, est-elle signée? » Ses yeux en disaient long. De toute évidence, la convention n’avait pas été signée.
De plus, soudainement, il a pris conscience que plusieurs aspects de la planification de son entreprise avaient été négligés, notamment l’analyse des risques auxquels son entreprise pourrait être exposée, ainsi que les conséquences sur la continuité de ses affaires à la suite d’un décès ou d’une invalidité. De son porte-documents, il a sorti son agenda pour planifier une consultation afin que je régularise sa situation. Ainsi, il s’assurait de la continuité de son entreprise, une succession sans pépins et une retraite à la hauteur de ses attentes.
En conclusion, M. Sceptique est devenu un client très prévoyant.
Toujours dans le but d’optimiser votre sécurité financière, dans la prochaine chronique, nous aborderons le sujet des REER et plus particulièrement le RRI pour propriétaire d’entreprise. D’ailleurs, ce dernier, encore peu connu, mérite de gagner en popularité, que ce soit par sa protection contre les créanciers ou par la possibilité de souscrire à une plus grande cotisation annuelle que celle du REER.
1. Lorsqu’un des actionnaires veut vendre ses actions aux autres actionnaires et advenant que ces derniers n’acceptent pas cette offre, ils sont automatiquement obligés d’offrir leurs propres actions à l’offrant, aux mêmex prix et aux mêmes conditions.