Éléments nutritifs (1ère partie)
Par Barbara Pelletier*, O.D.
Les caroténoïdes et les oméga-3
Les caroténoïdes sont des pigments liposolubles, synthétisés uniquement par les plantes et les algues; il en existe plus de 600 dans la nature. Les humains ne peuvent les synthétiser et doivent donc les obtenir à partir de leur alimentation. Les caroténoïdes, répartis en deux classes, les carotènes et les xanthophylles, agissent entre autres en tant qu’antioxydants.
Le bêta-carotène, caroténoïde pro vitamine A de la classe des carotènes, est celui qui est converti de manière la plus efficace en vitamine A. Cette dernière se retrouve dans la conjonctive de l’œil ainsi que dans les bâtonnets et les cônes de la rétine. Dans la conjonctive, elle sert au maintient de la muqueuse et soutient l’équilibre du film lacrymal, ce qui contribue à la prévention de la sécheresse oculaire. Dans la rétine, elle subit une cascade de transformations au cours de laquelle elle devient la photopsine et/ou la rhodopsine. Elle transforme la lumière en signal nerveux, amorçant ainsi le signal visuel envoyé au cerveau.
Les sources alimentaires de bêta-carotène sont les légumes orange tels que les patates douces, les courges et les carottes, les légumes à feuilles vertes comme le chou frisé et les épinards, et quelques fruits dont le cantaloup.
Étant donné que l’innocuité de la bêta-carotène sous forme de suppléments est mise en doute, il est primordial d’en obtenir assez de son alimentation, surtout pour les gens atteints de dégénérescence maculaire. Le bêta-carotène provenant de la nourriture est sécuritaire et très important, mais peut être soumis à la compétition avec la lutéine et la zéaxanthine en ce qui a trait à son transport. Les recherches scientifiques n’ont pas encore pu déterminer s’il est nécessaire de séparer ces deux groupes de caroténoïdes lors de l’ingestion.
La lutéine et la zéaxanthine sont des caroténoïdes xanthophylles, concentrés dans la macula et le cristallin. La lutéine se retrouve dans les zones périfovéolaires alors que la zéaxanthine se loge dans la fovéa. Ces pigments maculaires absorbent la lumière bleue, de courte longueur d’onde. Ce faisant, ils protègent la macula des effets dommageables de cette lumière et favorisent la performance visuelle en améliorant la sensibilité au contraste et en réduisant l’éblouissement.
Les sources alimentaires de lutéine et de zéaxanthine sont les jaunes d’œuf ainsi que les légumes à feuilles vertes comme le chou frisé, les épinards, la bette à carde et la laitue romaine. Les poivrons orange restent une source exceptionnelle de zéaxanthine.
Acides gras oméga-3
Les acides gras oméga-3 sont des acides gras polyinsaturés. Les trois plus importants pour la santé humaine demeurent l’acide alphalinoléique (ALA), l’acide eicosapentanoïque (EPA) et l’acide déhydroépiandrostérone (DHA). L’ALA est un acide gras essentiel, ce qui signifie que le corps humain ne peut le synthétiser à partir d’autres éléments. L’EPA et le DHA peuvent être synthétisés à partir de l’ALA mais cette conversion n’est pas efficace. L’EPA et le DHA sont cruciaux pour le maintien de la santé oculaire; il est donc primordial d’en consommer assez, et de la bonne source, soit à partir de poissons gras.
L’EPA possède des fonctions anti-inflammatoires et est donc utile à la prévention et au traitement de l’œil sec et de la blépharite. Le DHA se retrouve en quantité exceptionnellement élevée dans les phospholipides des photorécepteurs où il soutient l’efficacité de la cascade visuelle. Lorsqu’un individu a une alimentation pauvre en DHA, ce dernier est remplacé par un oméga-6 (DPA) dans les membranes des photorécepteurs, ce qui réduit l’efficacité de la cascade visuelle. Le DHA est important dans la prévention de la dégénérescence maculaire et dans la prévention de la progression de cette maladie chez les gens atteints.
Les poissons gras tels que les sardines, les maquereaux, le saumon sauvage et la truite arc-en-ciel sont les meilleures sources d’EPA et de DHA.
La consommation de légumes orange et à feuilles vertes sur une base quotidienne, ainsi que de poissons gras et de poivrons orange tous les deux jours, aident au maintien de la santé oculaire. En plus de bien s’alimenter, les personnes souffrant de DMLA et d’autres maladies oculaires, comme le syndrome de l’œil sec, ont besoin de suppléments pour prévenir la progression de leur condition.
* Barbara Pelletier pratique chez IRIS à Welland, Ontario où elle est partenaire. Elle possède une grande expérience en soins péri-opératoires de chirurgie réfractive. Passionnée par la nutrition, Barbara répond au public soucieux de savoir ce qu’il faut manger pour avoir des yeux plus sains en publiant avec sa collègue Laurie Capogna un ouvrage de sensibilisation : Aliments pour les yeux : un programme alimentaire pour des yeux en santé.