Un défi de taille et un plan à long terme (2e partie)
Par Manon Robert*
Dans la chronique précédente, j’ai démontré la relation entre la hausse des coûts de vos régimes d’assurances collectives et le profil de santé de vos employés, de même que l’importance des programmes d’aide aux employés et de la gestion du mieux-être et de l’invalidité. Maintenant, existe-t-il d’autres stratégies visant à optimiser vos solutions en matière d’avantages sociaux dans votre entreprise? Certainement, en révisant les services de soins paramédicaux (massothérapeute, naturopathe, thérapeute, etc.) couverts par votre régime.
Les temps changent
Il n’y a pas si longtemps, les coûts croissants des médicaments étaient l’une des préoccupations majeures des assureurs. En mai dernier, lors de ma participation à un colloque en assurances et rentes collectives, un des conférenciers nous présentait des statistiques alarmantes relatives à l’utilisation accrue des soins paramédicaux par les bénéficiaires de régime collectif. En effet, parce qu’il est difficile de nos jours de consulter un omnipraticien, les assurés ont tendance à poser eux même leur diagnostic, entre autres, en faisant des recherches sur Internet. Ce faisant, ils consultent la liste des spécialistes offerts par leur régime qui seraient susceptibles de répondre à leur besoin.
Cette récente réalité est accentuée par la venue d’établissements multidisciplinaires regroupant massothérapeute, naturopathe, ostéopathe, et autres thérapeutes. Dans bien des cas, lorsqu’un nouveau client se présente dans leurs officines, la première question fréquemment posée est : « Êtes-vous couvert par une assurance? » Si la réponse est oui, il peut alors être tentant pour l’assuré de solliciter une multitude de services. Et c’est sans compter ceux qui utilisent les services de ces professionnels « parce que ça fait du bien » plutôt que « parce que j’en ai un réel besoin ».
Cette même réalité a pour effet une surutilisation des soins couverts, et de ce fait engendre une augmentation des coûts qui sont parfois inutiles lorsque les soins ne sont pas appropriés à la nature du problème.
Que peut-on faire? Diminuer le montant par spécialiste et le montant par visite? Offrir un montant maximum pour l’ensemble des spécialistes? Une mesure moins populaire, parce qu’elle enlèverait de la liberté aux assurés, serait d’exiger une recommandation médicale pour tous les spécialistes comme prérequis aux remboursements des frais.
Nouvelle tendance : le CDS
Les plus récents développements dans le domaine suggèrent d’opter pour le compte de dépenses de santé (CDS). Autrefois, cet outil était offert aux entreprises de grande taille. Tout récemment, une compagnie d’assurance a élaboré un compte de dépenses de santé destiné spécifiquement à ses produits d’assurance collective, lequel est même accessible aux groupes de deux assurés ou plus. Le CDS a pour principal avantage de pouvoir contrôler les coûts reliés à l’utilisation des services paramédicaux et des soins dentaires. Cette tendance a été confirmée par un récent sondage de Sanofi Aventis en 2011, indiquant que 32 % des régimes à l’échelle nationale offrent un CDS.
Le CDS est avant tout un complément au régime d’assurance collective. Ses principaux avantages résident dans la possibilité pour l’employeur de déterminer le montant maximal qu’il désire accorder à ses employés et d’offrir une plus grande gamme de services que ceux couverts par la plupart des régimes d’assurance collective. Par le fait même, la formule est mieux adaptée aux besoins des bénéficiaires.
Le CDS permet également de moduler les garanties offertes par le régime collectif, en retranchant certains services offerts et en les rendant disponibles via le CDS. Comme le montant maximal des réclamations est déterminé, cette option permet de freiner les hausses parfois incontrôlées des primes d’assurance collective. Il constitue par conséquent un outil efficace de gestion des coûts.
Pour ce faire, le propriétaire d’entreprise établit le montant qu’il accordera aux employés, ce qui constituera pour ces derniers leurs crédits d’allocations pour l’année en cours. Ce faisant, il s’assure que les montants alloués ne seront pas dépassés, en plus de demeurer les mêmes, contrairement aux primes qui sont susceptibles de varier, voire d’augmenter chaque année, selon le nombre de réclamations et les coûts croissants. Par ailleurs, la compagnie d’assurance prend en charge les réclamations.
De plus, l’employeur a le choix de reporter ou non les soldes des crédits d’une année à l’autre. L’employeur qui, par exemple, alloue 500 $ par année, a le choix de reporter le solde des crédits non utilisés d’un employé l’année suivante, et ainsi lui offrir un avantage supplémentaire.
Selon l’âge et à diverses étapes de la vie, les gens ont des besoins et des priorités de santé qu’ils souhaitent adapter, valorisant ainsi différentes couvertures. Qui plus est, pour la première fois, quatre générations travaillent ensemble au sein des entreprises canadiennes, chacune ayant des valeurs et des attentes distinctes.
Avec le CDS, les employés disposent donc de plus de choix dans la façon d’utiliser leur allocation annuelle, et d’un pouvoir plus grand lorsqu’il s’agit de protéger leur santé et celle des membres de leur famille.
Aujourd’hui, créer un régime qui satisfait tous les participants peut s’avérer un défi de taille. Dans ce contexte, le CDS peut-être un bon moyen de contrer la hausse croissante des coûts.
Dans la prochaine chronique, je vous exposerai le régime volontaire d’épargne-retraite (RVER) qui sera lancé le 1er janvier 2013.
Encadré :
Exemple de cas d’utilisation d’un CDS
Alexandre travaille pour un employeur qui fournit un CDS dont le solde est reportable. Chaque année, son allocation est de 500 $. Jeune et en santé, il utilise rarement ses garanties d’assurance collective.
Comme il n’a présenté aucune demande de règlement dans le cadre de son CDS l’an dernier, le montant de son allocation sera de 1 000 $ cette année. Fort de cet avantage, ce montant lui permettra de devancer la chirurgie ophtalmique qu’il planifie depuis plusieurs années.
*Présidente-fondatrice du cabinet de services financiers, CATENA Solutions Financières Inc. www.catena.ca Catena signifie en latin «chaîne, maillon». Cette définition illustre parfaitement notre vocation et notre responsabilité de partenaire dont l’objectif principal vise à réunir les conditions nécessaires afin que notre clientèle bénéficie d’un futur financier solide, prospère et serein.